présentation
"On est toujours déguisé, alors autant se déguiser : de cette façon, on n'est plus déguisé." Boris Vian
PAN! c'est le coup de feu du début qui résume le temps, le pan de ciel qui pleut sur la tête, c'est le coup de la panne le "pan pan" du moteur à explosion initiale, c'est la foudre dans le pantalon, panique dans les rangs, les foules qui détalent comme des lapins pressés, poissons panés et trépanés, éparpillés, panoplies dépareillées et pans de passé qui volent en éclats, en explosantes fixes, en appuis dans l'air, saltos panoramiques, écrans plats, petits pans de mur jaune panachés, c'est la pantomime du Dieu Bouc de la Panamerica, celui qui porte le monde en pagaille sur sa tête de Paf.
PAN! : Projet de spectacle chorégraphique et panoramique selon lequel l'unité du monde peut se tenir dans un baril de poudre qui, en explosant, envoie balader la somme de tout ce qui existe.
Un monde saturé vole en éclats : PAN! est la petite éternité qui se fige au coeur de l'explosion, pendant laquelle on a le temps de voir le monde à la renverse. Nippes et électroménager, plastique et mobilier, briques et breloques font un feu d'artifice du tonnerre et une pluie de toutes choses nous retombe en vrac sur la tête.
Membres en pagaille, corps en désordre, le chaos du monde s'agglomère à nos chairs et nous voilà tout encombrés, portant à bout de bras des cosmogonies en panne. Pris dans la tournoyante, on va devoir réinventer des rituels pour recoller l'espace, des chants pour calmer l'atome, des danses aux animaux pour qu'ils nous comprennent : on finira bien par leur ressembler, on saura se réconcilier la matière et retomber sur nos pattes, on va se remettre à niveau, sur l'horizon dans le sens de l'expansion, et ça ira beaucoup mieux.
presse
Un soir ou un autre.com
Lionel Hoche enchante
Il y aurait au bord de la route des rescapés de la croissance ou de la crise, qui rêveraient en images, pour élaborer/révéler de nouveaux mythes, construits de bric à brac, récupérés de débris, réinventés de gestes dansés.
Parasol, canapé, boîtes de céréales, bouteilles plastiques, rebus de la société de consommation, tout serait détourné. On pourrait oublier hadopi et toute la technologie, se nourrir de la mythologie de ces nouveaux indiens hopis. Tout juste un peu moins bariolés que les « black indians » du mardi gras, tout autant naïfs et merveilleux. Combinés de ces objets réappropriés, apprivoisés, ré agencés, apparaîtraient hybrides l'homme chiffon, l'homme gazon, l'homme poubelle. Tableau après tableau, le monde pourrait se re-coloriser, les équilibres encore balbutiants et fragiles, les rêves encore en péril. Mais le merveilleux renaîtrait en douceur, pour nous bercer d'une jubilation enfantine. Les cérémoniaux seraient minutieux et solennels, ridicules et bienveillants, drôles et enchantés. La danse n'aurait d'importance que pour lier corps et environnement, le visible et l'invisible, le suggéré. Toute sa maîtrise modestement estompée, oubliée au profit du tout. L'espace concentré serait riche d'objets suspendus et incongrus, de fantaisies et de surprises, les trucages à nu. Un esprit aérien viendrait lentement explorer la salle, ailleurs d'un coup tous les lustres s'illumineraient. Le temps redeviendrait circulaire, il y aurait des télescopages d'errances ivres, d'effusions de rythmes, de danses vives, d'apparitions surnaturelles, d'exubérances hallucinées, de combats de guerriers, et dans l'ombre des sacrifices. Sitôt les rites nés, les raisons en seraient cachées en symboles, déjà des mystères.
L'imaginaire retrouverait son développement durable, on pourrait rêver avec eux.
C'était Pan! de Lionel Hoche. A L'étoile du nord, dans le cadre d'avis de turbulences 4.
Guy Degeorges - 17 mai 2009
ecransdedanse.com
Pan !, Lionel Hoche
C'est avec cette pièce que Lionel Hoche réenchante la scène et notre regard...
Jeux subtils de lumières, scénographie inventive et efficace, tout concourt à interroger notre rapport aux objets, à leur faire recouvrer leur pouvoir magique, vivant... Pan est un voyage onirique, un univers entre la brocante et le conte, enfin une survivance magnifiée des indiens Hopis. Pour preuve, l'extraordinaire rituel du serpent revisité par Lionel Hoche, dont les jeux d'ondulations électrisent le regard du spectateur, comme les vrais Hopis attiraient la foudre de l'orage par leur danse magique....On retiendra la qualité hautement poétique des images, la plasticité des corps dansants, enfin le jeu subtil de la trouvaille : ce qui se montre sur scène exhibe aussi son corps composite, fait de bric et de broc... pour exemples, un homme fougère, des totems adeptes du recyclage mais pour autant, terriblement crédibles. Pas de fausse querelle des arts, ici tout s'emploie à nous saisir, le sort en est jeté ! On applaudit, on est heureux du voyage, nous reste plus tard quelques fulgurances heureuses dans les yeux.
Edwige Phitoussi - Mai 2009
Télérama - Mai 2009
"PAN !" Ca fait plaisir, un titre pareil ! Ca pétarade, ça ravive des émotions d'enfance lointaines, ça donne envie d'aller voir ce qui fait si joliment "pan !" La nouvelle pièce de Lionel Hoche s'inscrit sous deux enseignes très insolites : celle des Indiens Hopi d'Amérique et celle du plasticien Erwin Wurm, expert en métamorphoses corporelles et en sculptures vivantes. L'une dans l'autres ces deux pistes ont donné lieu à une explosion de costumes incroyables imaginés avec trois fois rien, de couleurs flamboyantes. Cinq interprètes se jouent des masques et des maquillages pour faire "pan !" et ça pète vraiment.
Rosita Boisseau - Mai 2009
Danzine.fr
Cosmogonie du bric-à brac, "PAN!" de Lionel Hoche au CND.
Des objets de consommation et du mobilier en apesanteur dans l'obscurité dessinent d'emblée l'univers cosmogonique de Lionel Hoche. Parti de la mythologie des Indiens Hopi, qui considèrent le monde comme un tout, le chorégraphe ré-enchante ces éléments voués au rebut.
"Comme si l'explosion de notre monde s'était trouvée fixée dans le temps, en suspension littéralement. On évolue dans cette parenthèse onirique, hors du temps. Cette scénographie rend possible la modulation et l'altération de la rencontre entre les corps et les objets." explique-t-il.
Les cinq danseurs masqués, anonymes, s'intègrent avec perfection dans l'installation du plasticien Erwin Wurm. Leurs gestes évoquent un rituel rendu à ces objets, leurs mécanismes, leur fonctionnalité. Mêlés aux grincements et cliquetis de Sébastien Roux, en live sur scène, les sons de bouteilles en plastique, de bidons métalliques ou de sacs froissés évoquent une vie secrète et abyssale. Les mouvements et les transferts de poids travaillés à partir de la danse contact interagissent pour transfigurer le banal de ces choses en une poésie souvent drôle et une harmonie étonnante, mystique.
Comme inspirés par des forces invisibles, les interprètes au vocabulaire et à la technique foisonnants, sont soulevés, déposés, avec sensualité, dans une logique qui rappelle celle des bidules qui les entourent.
La naïveté de cette mise en scène évoque un primitivisme de la modernité. Ce sentiment est accentué par la mécanique des poulies et la magie des lumières qui rappellent comme le revendique le chorégraphe "l'enfance du théâtre". L'illusion est totale, la magie opère à merveille.
Fruit délicieux d'une résidence au CND, "Pan !", qui se traduit par "Tout !", réactualise avec les déchets de notre civilisation les rêves prémonitoires de celle des hopis, qui en février célébraient la danse du haricot.
Tony Abdesselam - 12 février 2009
Libération
"Pan!" fait la chasse aux démons à Pantin.
Alors que le Centre National de la Danse décline tout au long de la saison son thème "Soleils noirs, continents partagés?", Lionel Hoche fait figure de drôle d'Indien. Son spectacle Pan! créé en résidence à Pantin est inspiré de la culture des indiens Hopis et met en scène cinq personnages carnavalesques - à moins qu'ils ne célèbrent une danse macabre. Comme sous l'effet d'un souffle, d'une explosion, le décor d'Erwin Wurm s'est barré dans les cintres. Les objets sont suspendus et les interprètent glissent les uns sur les autres avec beaucoup de douceur. Sous leurs déguisements hauts en couleurs, les danseurs se livrent à un rituel dont on ne connait pas la finalité, sinon que l'on devine qu'il s'agit de conjurer les mauvais démons empoisonnant la vie. Le corps alors se transforme et propulse des masques au bout de perches prothèses. Cela bouge à peine sur la musique électronique de Sébastien Roux; pourtant tout a de l'ampleur, notamment les portés.
Marie-Christine Vernay
Paris Art
Les mythes Hopi, autant que les détournements d'Erwin Wurm, nourrissent un monde extravagant, où la danse se constitue en principe de vie, flux protéiforme chargé des attributs de l'organique.
Inspirée de la mythologie Hopi et des détournements d'Erwin Wurm, la proposition de Lionel Hoche se fonde sur la force visuelle des images en mouvement qui envahissent la scène. Cet univers gagne en puissance de vérité, s'enrichit tout autant de la substance de la danse que les cinq interprètes incarnent, que des pulsations d'une musique électronique intelligemment construite, qui mêle dans ses fréquences basses des bruits et respirations mystérieuses de la nature.
Les danseurs semblent disparaître sous de multiples couches de hardes et masques multicolores. L'aspect chaotique et bariolé, loin de nous faire basculer dans l'ubuesque et le dérisoire, confère du pouvoir à ces accessoires, les transforme en attributs obligés et indispensables.
Le premier moment pose comme évidente et indispensable leur présence glissant continuellement entre le hiératique et le trivial, si spécifique aux êtres mythiques, dans le monde Hopi ou ailleurs. Leurs gestes s'imposent à nous comme des bribes de rituels nécessaires au bon déroulement de ce monde en suspension.
La pièce aurait très bien pu fonctionner avec ces seules présences et leur gestuelle, affichée et absconse. Le chorégraphe trouve une qualité de mouvement qui vient très heureusement conforter ce dispositif. La danse est le principe même de vie, le fluide, le flux qui irrigue ce monde. Elle est protéiforme, elle glisse, en perpétuelle composition et recomposition, entre l'informe et le défini, et joue sur les différents registres de l'organique. Dans le même temps, elle se place sous le signe ludique et mystérieux d'un jeu des masques. Ce sont tout d'abord des tissus qui couvrent les visages et les yeux, des facéties au maquillage violent et au sourire en toc de stars américaines. Ce sont aussi des masques de feuilles ou couvertures agrémentées de bouteilles et bidons en plastique à moitié remplis d'eau pour donner de la consistance à la masse informe qui rampe bientôt au fond de la scène. Enfin, des masques amérindiens en emballages et cartons de toutes sortes : cubis, cartouches de cigarettes, boîtes de céréales, de biscuits ou de lessive.
Ce monde de la récupération, malgré son aspect extravagant, caduque aussi, n'est pas du tout transparent et gratuit. Il trouve son épaisseur, sa substance dans la créativité débordante des populations non occidentales qui intègrent dans leurs mythes et pratiques rituelles des éléments dérisoires de la "civilisation". Il exprime aussi l'étonnement engagé du chorégraphe face à la furie "des biens de consommation que notre société génère à une vitesse affolante."
Smaranda Olcèse-Trifan - Février 2009
Danser
...La chorégraphie utilise largement le sol avec une belle qualité feutrée, la danse-contact, parfois les objets. Bien servie par l'aisance gestuelle des danseurs, joliment colorée par les costumes, elle s'inscrit de manière picturale sous la scénographie déversée. A travers les couches de vêtements, d'accessoires, de propositions, nous parvient l'image d'un monde atomisé: Pan! nouveau Big Bang, montre les résultats de l'explosion avec son recyclage humouristique des biens de consommation...
Michel Barthome - Février 2009
Têtu
Après un séjour chez les indiens Hopi, le chorégraphe Lionel hoche à imaginé une pièce qui tourne autour de leur univers, qui le fascine. PAN! est la synthèse revisitée d'une communauté où totems, masques et déguisements sont légion. Le plasticien Erwin Wurm a envoyé balader meubles et objets pour qu'ils s'encastrent au plafond. Une belle idée, énergique à souhait et non sans humour, comme Hoche nous y a habitués.
Osca Héliani - Février 2009