présentation
De facture abstraite, elle s'amuse avec le concerto pour deux clavecins de Bach BWV 1062, vaste espace dynamisant et y joue d'un savant mélange de technicité et nonchalance.
Dans un univers scénographique minimaliste aux références baroques et cinétiques, la chorégraphie détourne de façon ludique les propositions de cette oeuvre musicale.
presse
La Tribune, Le Progrès
La dernière pièce, créée pour les Ballets de Monte-Carlo en juillet 1995, saisit par sa légèreté, sa fraîcheur, la justesse de ses mouvements. "L'harmonie des corps pour l'hétérogénéité d'un tout" ; une séquence qui fait vivre l'éphémère et se noue dans une ombre.
Neuf jeunes danseurs s'exercent dans la fluidité de l'air du soir, légers comme des bulles de savon... Un spectacle superbe mais le mot ne peut transcrire la beauté du mouvement.
M.R., le 14 avril 2000
Danse Conservatoire
Voilà une création originale, passionnante, qui apporte quelque chose de neuf, du jamais vu dans la danse. Merci à Lionel Hoche.
"Depuis quelques années, je m'applique à développer lors de chaque création, un code couleur, procédé pictural en quelque sorte. Qu'elle soit utilisée seule ou couplée, sa vibration et sa symbolique délivrent des énergies qui lui sont intimement liées, et qui irriguent la chorégraphie d'une force particulière.
Ce n'est pas simplement une dimension rétinienne ou esthétique, mais plutôt une dimension psychologique, symbolique et poétique, qui participe à chaque fois d'une dynamique singulière. Ce parti pris presque ésotérique va stimuler des appétits, des appels. Appétit de complémentarité, d'opposition. Avec ces choix de coloriste, il se crée naturellement des espaces de fascination, jusqu'à saturation. Saturation appelant une autre vibration pour calmer la première."
Voilà comment Lionel Hoche campe le décor, ou plutôt les couleurs. Le reste est séduisant, théâtral, étonnant.
Il y a d'abord un solo éblouissant de Gaby Baars. Seul en scène, il arrive avec une facilité surprenante à franchir un à un tous les pièges d'une chorégraphie simple et redoutablement difficile qui demande un immense talent. Il est rejoint par Gaëtan Morlotti, toujours parfait. Puis par David Thole, Sandrine Cassini, Giovanna Lorenzoni, Véronique Jean, Yaniv Nagar, Ina Broeckx, Ljiliana Peric et Didier Lambelet. Les dix danseurs doivent être cités, car ils ont tous magnifiquement réussi leurs entrés dans ces jeux difficiles. Lionel Hoche a choisi des musiques de Jean-Sébastien Bach pour ces "Petites Pièces" : préambule de la partita n°5, pour clavecin, sinfonia de la partita n°2, puis le concerto pour deux clavecins et cordes en Ut Mineur.
On le sait, il est quasi impossible de danser sur du clavecin. L'exercice est ardu. Beaucoup en voulant s'y frotter, ont cassé la corde magique de la petite musique.
Lionel Hoche relève le défi triomphalement. Avec un nouveau langage, fait de brefs pas esquissés, quelques pieds en dedans, des bras qui se brisent, il nous entraîne dans un monde magique, dans les contrées lointaines de ses rêveries, qui semblent proche du Paradis revu par Dante.
Les couleurs, les décors sont là , drôles, ludiques, étonnants. Des plumes d'autruche en mouvements, des appareils qui ne servent à rien et à tout. Les danseurs se meuvent au milieu de tout ça avec une tranquillité pleine d'ironie. On pardonne aux fresquistes la rapidité du coup de pinceau. Il faut faire vite avant que l'enduit sèche. Lionel Hoche arrive à ne pas irriter le spectateur, à ne jamais l'ennuyer, parce qu'on sait qu'il est sincère avec lui-même. Tel un fresquiste de génie, avec génie, en quelques coups de pinceau, il arrive à construire des petites pièces d'une étonnante grandeur. Si on les grossit, on s'aperçoit que tout est équilibre, que tout se tient, que tout supporte le grossissement, parce que tout est parfaitement conçu : le placement des pieds, les jeux des poignets, les nuques qui se tendent, les danseurs qui se reposent, au sol. Je n'ose pas prononcer les noms de Watteau et Marivaux, pour ne pas rattacher les Petites Pièces de Lionel Hoche au passé, mais par transposition d'art, je trouve le même intérêt esthétique et intellectuel à contempler les merveilleuses machineries de ce peintre, ingénieur, chorégraphe, explorateur des coeurs, Lionel Hoche. Nous attendons avec impatience une nouvelle série de ces petites pièces.
Michel Odin, Danse Conservatoire, Septembre 1995