présentation
Cette pièce reprend la matière de Versants, la précédente création de la compagnie. Une pièce qui marquait déjà un tournant dans son parcours. Tout en demeurant dans une construction abstraite, le chorégraphe a voulu suggérer comment se tissent les relations entre les êtres. Des relations cruelles qui reflètent la réalité. L'abstraction est toujours présente mais plus ténue que dans les précédents travaux de Lionel Hoche. Et la musique est un fort stimulant qui permet au chorégraphe de créer son univers en changeant de registres.
Un regard
Verska développe une esthétique très seventies, revue à la lumière de ce XXIe siècle commençant. La gestuelle est lascive, très sensuelle, brutale aussi parfois. Ce faisant, elle brosse un portrait troublant de notre époque, de nos questionnements, de nos errements. Les relations humaines sont scrupuleusement analysées pour donner à voir un certain état du monde.
Les corps se frôlent, se déplacent dans l'ombre, comme des ombres. Halo de lumière, musique pénétrante, les âmes se cherchent et ne se trouvent pas. Les danseurs marchent, les jambes s'élèvent, les bras s'élancent pour mieux fléchir et retomber. Les corps s'emmêlent et s'entremêlent, se heurtent et s'enlacent. Sculptures bicéphales, danses charnelles. Le corps se fait matière, les relations se font tensions. La spirale s'impose ici comme une figure majeure, les corps deviennent des toupies vibrionnantes, ballottés par la gravitation et la vitesse, emportés par l'élan. Le rythme tour à tour s'accélère pour mieux décroître, à l'instar de la vie dépeinte ici.
Le vocabulaire se détache de l'abstrait, pour mieux retrouver l'émotion. Une humanité palpable. Plus organique et sauvage. La danse s'incarne dans l'interprète. Le geste devient violent, dans la contraction et le relâchement, comme une corde d'arc qui se tend et soudain lâche son trait. Accélérations, immobilité. La musique, à la fois rythmique et atmosphérique, installe un drôle de climat, légèrement lancinant et angoissant qui renforce l'impression de malaise. Mascarade du monde, facétie de la vie.
Cet opus, créé pour les 10 ans de la compagnie, décrit une société féroce et noire, qui se réfugie derrière des leurres, qui retourne ses codes pour mieux les détourner, qui disloque les individus. Corps déboîtés, recomposés comme un puzzle dont on aurait mélangé les pièces. La vision est sombre sans être pessimiste, violente sans être provocante. Juste, tout simplement.
Gallia Valette-Pilenko
presse
Lyon Figaro
"Tout a commencé par Verska de Lionel Hoche. (...) Bande-son techno, costumes d'esprit 'seventies' et succession de mouvement suscité par l'autre. Comme cette fugue d'une danseuse, chaque fois relancée par l'attouchement de son pied. Mais aussi travail sur le temps de pause (...). L'écriture chorégraphique est claire, construite de façon architectonique. Et Lionel Hoche refait une entrée remarquée lors d'un solo, où sa présence s'impose immédiatement."
Agnès Benoist, le 15 juin 2002
Petites Affiches Lyonnaises
Pas cloche, le Hoche. "Lionel Hoche vient de fêter les dix ans de sa compagnie MéMé BaNjO. C'est à cette occasion qu'il a créé Verska, un opus très emblématique du travail de ce chorégraphe touche-à-tout (...).
"La gestuelle très sophistiquée, mais sans emphase, privilégie le poids du corps, le lâcher et l'oscillation permanente entre équilibre et déséquilibre. Verska explore les diverses possibilités du corps en donnant à voir (et à ressentir) le désordre du monde. Alternant les séquences calmes et les passages violentes, cette courte pièce, élégamment construite, ne s'encombre pas de décor et de costumes extravagants. Sobres et magnifiant les corps, les lumières de Lucy Carter contribuent à installer une ambiance plastique chère à Lionel Hoche sans sombrer dans l'esthétisme à outrance (...). Un univers délicat et raffiné qui mérite le coup d'oeil."
Gallia Valette-Pilenko, 1/7 juin 2002