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L'histoire du soldat
Télérama Sortir
Le narrateur, tout en jaune du chapeau aux chaussures, tel un Monsieur Loyal, commence le récit: l'histoire d'un soldat, qui, sur le chemin qui le ramène à son village, se fait charmer par le diable. Avec son violon, c'est son âme qu'il vend... Lionel Hoche, chorégraphe passionné par ce mimodrame aux accents faustiens de Stravinsky, construit autour de la partition et du livret de Ramuz un univers poétique étrange, avec quatre interprètes : deux danseurs et une circassienne, qui ont chacun leur identité chorégraphique, et un récitant qui passe d'un monde à un autre, de la "réalité" à la fable. De superbes images, figuratives ou abstraites, en noir et blanc ou colorées, révèlent les paysages traversés ou illustrent les visions du soldat. Une version qui réussit à conjuguer les arts vivants et graphiques (la vidéo) et à plonger le public dans les eaux troubles et pourtant réjouissantes de la fable.
Françoise Sabatier-Morel
BALLROOM
L'Histoire du soldat - Vu au théâtre de Vanves
Certaines histoires traversent le temps, le relais étant fait par plusieurs artistes, qui la reprennent, la remettent, la réinventent. Le ballet classique en est plein, le contemporain se créé lui aussi ses mythologies. L'histoire du soldat pourrait en être : le conte moral composé par Stravinsky sur un texte de Ramuz en 1917 a déjà été chorégraphié par Diaghiliev, Robbins, Guizerix, Gallota...
Lionel Hoche qui ne cesse d'appliquer l'exigence des grands ballets qu'il fréquenta à ses chemins de traverse chorégraphiques, livre sa version pop up : les décors vidéos (signés Simon Frézel) se dessinent autour des quatre personnages, chacun faits d'une voix, d'une gestuelle, d'une posture, d'un clown - puisqu'ils touchent tous à la dérision de leur condition, qu'ils soient le soldat (Vincent Delétang, tout en lignes, comme un pantin malmené), le diable (Emilio Urbina, aussi bondissant que perfide), la princesse (Anne-Claire Gonnard, mystérieuse créature suspendue, au geste rond) ou le récitant (Hoche himself, dans l'éclat joyeux d'un monsieur loyal de la télé).
L'Histoire est celle de l'appétit frustré : la nouveauté, le pouvoir, la richesse, l'amour, le succès, le soldat les désire, presque malgré lui, et le diable lui donne bien du fil à retordre. Les plus jeunes sont conquis par les trouvailles d'Hoche : l'objet manipulé, le décor vidéo, les codes couleurs, la pantomime ; les plus grands s'y retrouvent. La pièce tient en haleine, émerveille, surprend.
La pièce centenaire peut peiner à convaincre face aux narrations traditionnelles, et aux contes qui finissent bien : elle témoigne au contraire de l'ouverture nécessaire des propos, qui combat avec finesse le discours du bonheur à tout pris, menant à la déprime, au profit du goût pour l'aventure, ses grandes joies et ses grands malheurs. Hoche lui apporte ses belles qualités de faiseur, le résultat est à ne pas manquer.
Charles A. Catherine
Critiphotodanse
L'art de rendre Stravinsky accessible à tous
Notre histoire débute en 1986 : Lionel Hoche, issu de l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris, a rejoint depuis maintenant trois ans le Nederland Dans Theater. Jirà KylÃan est en train de monter L'Histoire du soldat de Stravinsky-Ramuz dans une nouvelle version chorégraphique. Ce projet de théâtre musical le marquera profondément et il y pensera souvent durant sa carrière de danseur et de chorégraphe. Mais ce n'est que trente ans plus tard, après avoir acquis la compétence et la maturité nécessaires, qu'il se sentira d'attaque pour ré-aborder cette oeuvre, non en tant que danseur cette fois, mais comme chorégraphe. Ce mimodrame, composé par Stravinsky en 1917 sur un texte de Ramuz pour trois récitants - le Lecteur, le Soldat et le Diable - ainsi que sept instrumentistes et créé dans sa version théâtrale à Lausanne le 29 septembre 1918 dans des décors de René Auberjonois, avait bien sûr connu plusieurs adaptations chorégraphiques, la première étant celle d'Anya Holm en 1929. Quelques années plus tard, l'oeuvre sera reprise en Belgique dans une nouvelle chorégraphie sous la signature de Marguerite Akarova puis, en 1942, par John Cranko. A leur tour, Jérôme Robbins en 1965, Maurice Béjart en 1966, Jean Babilée, l'année suivante, Jean Guizerix en 1976 et, enfin, Jirà KylÃan dix ans plus tard, vont à leur tour s'emparer de ce chef-d'oeuvre. La saga ne sera pas terminée pour autant car, à la suite de ce dernier, cinq autres versions verront le jour, en particulier celles de Michèle Anne de Mey et de Jean-Claude Gallotta. A noter également que L'Histoire du soldat a aussi inspiré le cinéma, entre autres le film du cinéaste italien Massimo Scaglione de 1978, le film d'animation de l'Américain R.O. Blechman de 1984, ce dans un style mêlant le dessin à l'art déco et, tout dernièrement, Les aventures de Histoire du soldat de Michel Van Zele, film qui date de 2018.
L'originalité de la version que nous présente Lionel Hoche aujourd'hui tient dans le fait que, depuis 1988, ce chorégraphe, directeur et fondateur de la compagnie MéMé BaNjo, incorpore à ses créations un travail scénographique lié à des recherches plastiques très personnelles, aux saveurs poétiques inattendues. Pour L'Histoire du soldat, Lionel Hoche, qui a respecté à la lettre le livret en prose et vers de Ramuz et la musique de Stravinsky, s'est acoquiné avec un jeune vidéaste de grand talent, Simon Frézel, qui a conçu, sous l'égide du chorégraphe-metteur en scène, des paysages animés qui confèrent à cette oeuvre ésotérique un aspect intemporel et une couleur céleste. Les personnages s'y promènent comme dans un jardin tout en s'y intégrant parfaitement, actualisant ce conte fantastique d'inspiration faustienne à l'issue duquel le diable gagnera malgré tout la partie.
Rappelons-en succinctement la trame. L'histoire est celle d'un humble soldat (Vincent Delétang, candide victime) qui rentre au pays avec pour tout bagage son violon. Son chemin croise celui du Malin (le truculent Emilio Urbina) qui lui fait miroiter la fortune en échange de son instrument. Le soldat finit par le lui vendre contre un livre qui permet de prédire l'avenir. De retour au village, il découvre alors que personne ne le reconnaît, ni sa mère, ni sa fiancée qui s'est mariée. En fait ce ne sont pas trois jours qu'il a passés avec le diable mais trois longues années... Le Soldat utilise alors son livre magique pour devenir fabuleusement riche. Incapable d'être heureux avec sa fortune, il joue aux cartes avec le Diable : son argent contre le violon. Le Diable gagne d'abord, mais enivré par ses gains, il se laisse voler le violon. Le Soldat peut alors « guérir » et ramener à la vie - et à l'amour - une Princesse malade (Anne-Claire Gonnard) promise par le Roi son père à qui la soulagerait. Malheureusement, cherchant toujours plus de bonheur, le couple quitte le royaume et désobéit au Diable. Or ce dernier finit toujours par gagner, et le soldat terminera sa vie en enfer.
Lionel Hoche, qui incarne lui-même le Récitant sous la forme d'un monsieur Loyal, a parfaitement respecté la trame de cette fresque dans ses moindres détails, tout en la transcrivant à notre époque : ainsi a-t-il placé au début de la pièce ses personnages dans une campagne verdoyante et accueillante mais parfois aussi inquiétante au bord d'une petite rivière, les conduisant peu à peu vers un petit village calme et tranquille (trop...), quasi-désert. L'ayant quitté, le soldat se retrouvera dans un univers rougeoyant d'usines nucléaires et d'industries crachant une fumée noire - clin d'oeil tant à notre monde pollué qu'à la « toxicité » du Malin - puis dans une petite auberge d'une région vinicole au sein de laquelle les protagonistes de l'oeuvre joueront aux cartes et s'enivreront. Tout cela bien sûr à mi-chemin entre théâtre et danse. Petite entorse à l'argument - mais on le lui pardonnera volontiers - Lionel Hoche a transformé la jeune princesse malade en une acrobate-funambule issue des cintres qui s'en laissera descendre dans une draperie pour s'unir avec le soldat devenu prince. Détournement théâtral coutumier à ce chorégraphe-metteur en scène qui a l'heur de valoriser dans ses spectacles toute une pléiade de disciplines artistiques, de la peinture - allusion ici à Marc Chagall - aux arts du cirque et à la vidéo. Ce qui a permis de rendre tout particulièrement lisible cet univers musical, poétique et fantasmagorique, et de lui conférer une accessibilité universelle, notamment et surtout aux enfants.
Jean-Marie GOURREAU
M.M.O.
Télérama
"Le public est plongé dans un univers d'images féériques (très belle création vidéo et graphique de Claudio Cavallari) (...) le propos du chorégraphe Lionel Hoche est autre : recréer sur scène un espace du vivant, naturel, simple. Une belle alliance de musique et d'images pour cette fantasmagorie dansée qui sait jouer de l'humour."
Françoise Sabtier-Morel - Janvier 2016
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CCCDA
"...Ici pas de narration, juste l'essence du conte: le féérique, pour en tirer une version dansée onirique, poétique et loufoque. Tout de suite plongée dans le fantastique, la pièce joue habilement de l'émerveillement en alliant les technologies numériques à l'artisanat des costumes. (...) Loin du spectacle jeune public facile jouant sur des rouages traditionnels, M.M.O. déploie un univers bien singulier et une signature chorégraphique sophistiquée. Le temps de quelques saynètes, le jeune public sera captivé, le grand public enchanté."
Anna - 7 décembre 2015
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Théâtrorama
La matière imaginaire du chorégraphe Lionel Hoche est un dialogue reposant sur diverses influences et technologies. Ici, une suite de Ravel se glisse doucement dans des contes de Perrault ; là, des éléments oniriques se chargent d'un symbolisme puissant ; partout, des lieux naissent depuis des corps et des gestes depuis des couleurs, scellant ainsi l'alliance de la nature et de la culture.
L'aventure à loeuvre se déploie sur un chemin partant toujours de lisières pour rejoindre des centres, qu'ils soient confins de forêts et de montagnes, ou intérieurs de somptueuses demeures. Tout devant, sur un seuil, des créatures sans visage batifolent et se jouent des formes et des saisons. Invisibles ou infiniment petites, elles viennent percer un univers immense que l'on croirait hors d'atteinte - des paysages d'enfance ou inscrits dans une culture populaire. Derrière elles, c'est un cycle à peine entamé qui en chasse un autre, tourbillonnant ou recommençant sans fin son passage. Du jour à la nuit, de l'été à l'hiver, de l'eau à la glace, de la terre au feu, du livre de Charles Perrault à la partition de Maurice Ravel, jusqu'à la chorégraphie de Lionel Hoche, ce qui s'articule balance sans cesse entre osmose et métamorphose.
Car la pièce appelle une bascule, un renversement. Ce qui est montré est le dessous d'une carte, un imaginaire tapissé sous le réel, le poétique sous l'empirique, ou bien ce qui fourmille encore sous un décor paraissant de prime abord engourdi. "M.M.O" se déballe comme la mallette d'un âge tendre, elle-même ouverte sur un double héritage. Logées sous les mouvements de Ravel, les lignes des "Contes de ma mère l'Oye" de Perrault servent alors à une nouvelle écriture, mais de corps cette fois, qui serait contenue dans les gestes de trois danseurs.
Où les arts se croisent
Princesses, êtres féériques, étranges ou hybrides, se détachent finalement de tout héritage et de toute référence pour s'en émanciper. Les danseurs ne se contentent plus d'être les personnages fantasmés et recrées issus des contes de "Ma mère l'Oye", mais ils viennent former les mouvements et les chairs d'une création unique et particulière : "M.M.O", sigle utilisé pour que se grave une autre empreinte, comme dans un recoin caché à deviner. Et cette signature sera composite, amphibie, à l'image du premier tableau dans lequel des eaux se mettent soudain à respirer pour qu'un vivant puisse s'engendrer, entamant là le trait d'union qui se fait entre le "corps" et le "décor" comme le souhaite Lionel Hoche.
La rêverie conçue par le chorégraphe a recours à plusieurs types d'images. Si elle se structure depuis une conscience collective par l'intermédiaire des contes et des personnages et lieux attendus, elle convoque également le numérique - sorte de sol vertical se jouant des illusions, se défaisant de quelques-unes, en accueillant d'autres - pour proposer un second discours et d'autres niveaux d'interprétations possibles. Des saynètes apparaissent de part et d'autre, tantôt chimériques (des teintes chaudes soufflant sur des teintes froides pour les faire disparaître, des éléments célestes bougeant tout seuls...), tantôt ludiques (un faux solo au chapeau, un trio déluré aux tenues bariolées, des pas de jazz sur de la musique classique...).
Ce carrefour à multiples dimensions et expressions est donc le lieu idéal d'un décalage primordial, dans lequel Lionel Hoche bouscule quelques codes pour mieux les rééquilibrer et finalement abandonner les artifices et costumes de scène. En son coeur, tout supposé inanimé peut prendre souffle et tout harmonie peut s'ébaucher à partir d'une dissonance. Ce qui importe est cette merveilleuse pulsation du vivant qui demeure partout, qui s'écrit, s'écoute et se danse.
Cathia Engelbach - 1er décembre 2015
TheatrePassion.fr
"Les Contes de Perrault sont revisités, et comme un livre d'images que l'on lit à un enfant, l'imagination est au pouvoir. Un beau spectacle qui ravit le coeur des enfants et de leurs parents."
SceneWeb.fr
"Une galerie de figures et de créatures merveilleuses s'anime dans une forêt enchantée, organique et mystérieuse et amène la musique de Maurice Ravel sur un terrain fantasmagorique. Tout en tirant vers les mondes virtuels et en empruntant aux univers de la B.D. Ou de l'animation, le projet croise, musique, danse, arts plastiques, vidéo avec délectation..."
Flashville
ParisDanse.com
Pour cette seconde année de résidence au CDA d'Enghein-les-Bains, Lionel Hoche présente Flashville, sa première grande création au Centre des Arts. Avant même de rentrer dans la salle, un orchestre se fait entendre, sur scène, des danseurs en costume scintillant occupent l'espace. De grandes structures vides sont disposées sur le plateau, comme une ville décalquée et détourée, elles deviennent lieu de projections symboliques. Le chorégraphe s'entoure de l'Orchestre-Atelier Ostinato, sous la direction de Philippe Hui qui interprète la Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz. Véritable envolée lyrique, la musique s'empare littéralement des corps et de l'espace. Impossible de ne pas être subjugué par les silhouettes scintillantes des danseurs, la chorégraphie et la lumière magnifient les mouvements et offrent des tableaux hallucinatoires... Les corps s'activent dans un espace changeant, les lumières transforment notre perception et les danseurs participent à l'évolution des mobiles, les volumes sont tour à tour des perchoirs précaires et des lieux où les mouvements sont restreints. Avec Flashville, Lionel Hoche signe une création haute en couleur, chatoyante et poétique.
Wilson Le Personnic - Novembre 2013
La Terrasse
Notre époque n'est-elle pas en proie à un nouveau "mal du siècle"? Pour sa nouvelle création, Lionel Hoche se tourne vers l'imaginaire romantique.
Le monde tel que nous le connaissons, à de nombreux égards, trouve sa source au XIXe siècle: les tourments politiques, la révolution industrielle, la "mort de Dieu" nourrissent un imaginaire foisonnant, où le trivial côtoie le sublime. C'est vers cette époque que Lionel Hoche se tourne pour créer Ftashville, pour dix danseurs un duo - comme un flash amoureux dilaté sur le temps de la pièce - et un groupe, architecture vivante ou nuée de spectres, qui agencent et reconfigurent l'espace
La Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz
Mais le projet inclut aussi un orchestre : le chorégraphe a souhaité se confronter à la Symphonie fantastique. L'orchestre Ostinato interprétera cette oeuvre emblématique de la "musique à programme", et le travail commun entre les danseurs, les musiciens et le compositeur Sebastien Roux permettra de faire résonner l'oeuvre de Berlioz avec la danse, y compris en suspendant le mouvement musical, en l'altérant, en ouvrant des brèches dans la partition... Ouvrir des brèches, c'est sans doute, in fine, le projet du chorégraphe pour nos propres imaginaires. "Si les neurosciences nous montrent aujourd'hui que la réalité vécue n'est qu'une production de notre système perceptif et de notre mémoire, alors nous devrions peut-être, comme nos aînés du XIXe siècle, compter avec les forces de l''maginaire et les ruses des morts pour construire un monde partageable par tous"
Marie Chavanieux - Novembre 2013
Entrelacs
Le Nouvel Obs
De belles images surgies dans la pénombre et les grondements d'un orgue...
Raphael de Gubernatis - Octobre 2010
Sud Ouest
Entrelacs s'inscrit dans une esthétique fantastique plutôt classique, et disons le réussie, dans la droite ligne d'un "Dracula" de Murnau comme les films d'horreur des années 50 ou 60. Usant des clichés traditionnels, avec l'homme à cape et chapeau noirs, la dame blanche diaphane et éthérée, tout se déroule dans une ambiance de cimetière accentué par un orgue bourdonnant et oppressant. Et est agrémenté de projections pseudo-holographiques et de personnages ectoplasmiques. On est dans une pièce que ne manque ni d'humour ni de talent, et cultive une esthétique désuète pour explorer l'outremonde, ce qui fait peur et fascine. Le tout est accompagné d'une bane son dans le ton, sombre et plutôt rock avec Bauhaus... mais aussi plus inquiétante avec Messiaen. Laissons le temps à Lionel Hoche de nous emmener du côté obscur du monde, d'entrelacer le passé et le présent, la danse et le cinéma, en se promenant en funambule sur le fil de l'ironie et du beau. C'est un vrai défi.
Céline Musseau - 13 sept 2010
ParisArt
Lionel Hoche convoque dans le grand studio du CND des figures incontournables du genre fantastique pour un bal des vampires singulier, rythmé par des chansons du fameux groupe rock gothique Bauhaus et des harmonies hypnotiques d'un orgue joué en live.
Le chorégraphe Lionel Hoche invite son public à s'immerger dans un univers tout particulier dont les codes sont largement connus et partagés. Il joue sur le plaisir de la reconnaissance, mais les évidences se montrent facétieuses et le terrain mouvant. Gare aux faux pas ! semble nous avertir le mannequin qui nous accueille, échoué sur le plateau, écrasé au terme d'un plongeon fatal.
Derrière la forme légère qui flirte avec le cabaret ésotérique, Lionel Hoche se lance un défi considérable. Il signe une pièce bâtarde à la croisée de plusieurs médias : musique, image et danse. Les références sont pleinement assumées et les ficelles abondement exposées dans le clair-obscur environnant. La force et la beauté de la proposition tiennent justement à sa sincérité et à sa justesse : la danse se niche dans la zone d'ombre que d'autres spectacles nous cachent soigneusement. Elle nourrit, donne de la substance et de la chair à des images volontairement trop prononcées à la mode fantastique. Elles renvoient au cinéma expressionniste ou encore aux clichés du professeur Charcot, qui signe dans la seconde moitié du XIXème siècle l'acte de naissance de l'hystérie dans la pathologie moderne. La dualité expressionniste semble devenir le principe même de la création. Le partage des matériaux sensibles est net entre la masse informe de corps masqués qui portent la danse et d'autres très exposés au contraire, qui appartiennent au règne du visible, de l'image, du cinéma (épouses du conte Dracula ou jumelles à la façon Shining), manipulés par ces premiers.
L'atmosphère, lourde et enfermée, se dissipe dans des ruses dignes du proto cinéma de Georges Méliès. Un rayon de lumière traverse le plateau. Aimantée à son tracé au sol, une jeune femme vêtue de blanc, s'avance comme sur un fil de rasoir, d'un pas somnambulique. Une prochaine victime sans doute. Son rythme, complètement ralenti, au bord de la catalepsie, contraste avec les mouvements accélérés des danseurs entièrement masqués. Ils parcourent le même tracé de lumière à reculons, telles les particules d'une matière indivise animée par des flux énergétiques. Il n'y aura pas de collision, il s'agit plutôt de couches superposées, d'ordres de sublimation distincts, de deux manières de vivre le temps concentrées d'un même trait.
L'effet est terrible, et entraîne la perturbation des sens, la perte des repères. Tout devient mouvant, le glissement dans le fantastique est effectif. Verticalité et horizontalité se confondent à en donner le vertige. Le saut dans le vide est imminent (et on pense à Vertigo d'Hitchcock). Des flashs dévoilent les déplacements des corps : la danse passe du côté obscur, occultée, insaisissable, dense. Les corps masqués grouillent, colportent la psychose, telles des forces sombres qui contrôlent le délire palpable d'un corps de femme totalement sous leur emprise.
Dans une pièce tiraillée entre le visuel et le sensible, le risque était réel que l'image fasse taire la danse. Lionel Hoche réussit cette création dans sa juste intuition d'une danse se donnant comme un liquide amniotique qui berce, chahute et nourrit ces images.
Smaranda Olcèse-Trifan - 4 mars 2010
La Terrasse
Danser
Les frontières tombent, les codes disparaissent pour laisser place à d'autres et nous donner à voir un monde où l'apesanteure et la vue sont différentes et différenciées.
Entrelacs, entre là, entre ici et là...
La scéno-chorégraphie de Lionel Hoche, avec ses cinq danseurs et un organiste nous plonge dans le doute sensoriel et sensuel, l'ajout d'une création vidéo vient créer une mise en abîme de la pièce et de l'espace même où nous nous trouvons.
Dès le début du spectacle, nous sommes envahis par le noir lumineux et le noir des sens. Deux danseuses traversent la scène sur une diagonale ouverte vers le futur, d'autres les suivent à rebours, ce qui crée immédiatement une étrange impression qui brouille notre monde de pensées habituelles.
La transposition des codes et des figures, du fantastique au champ chorégraphique, nous porte et nous transporte dans une alchimie singulière, nous faisant tour à tour rêver, douter de nous-même et de ce que l'on perçoit.
Des images d'enfance ressurgissent du plus profond de notre mémoire avec un léger sourire du coin des lèvres...
Entrelacs de Lionel Hoche est un billet pour l'au-delà, c'est à dire l'eau de là-bas au loin et l'eau de notre plus profond "moi".
Les spectres de notre histoire nous transportent vers leur compréhension et notre propre dualité.
Yohann Grandsire
Le Nouvel Obs
Entrelacs, le fantastique vu par Lionel Hoche
Grondements d'orgue, obscurité dramatique, silhouettes noires et anonymes, figures spectrales, blanches jeunes filles en robe vaporeuse, squelettes d'arbres torturés... Pour créer Entrelacs, Lionel Hoche a largement puisé dans le répertoire fantastique, dans ce néo-romantisme de la fin du XIXème siècle ou le début du XXème, celui qui impressionne dans le "Fantôme de l'Opéra" ou dans l'antre du sous-marin du Capitaine Némo de "Vingt mille lieux sous les mers". Pour cadre idéal et terrifiant, le chorégraphe aurait pu aussi bien choisir l'étrangeté sinistre du château d'Ilbarritz, tout proche de Biarritz, avec son impressionnante salle de musique haute de plusieurs étages où le propriétaire, au clavier de son orgue monumental aimait jadis à jouer Wagner et à faire mugir son instrument sur fonds d'éléments déchainés, alors que les formidables tempêtes, au-dehors ravageaient la Côte Basque. Tout Entrelacs se veut d'un onirisme échevelé...
Raphael de Gubernatis - Septembre 2010
Frixion
Le Monde
FriXion, chorégraphié par Lionel Hoche sur le registre "après-midi déguisé dans le grenier de grand-mère", séduit par son absence de prétention et son envie de jouer. Sur un ton fantaisiste les danseurs en jogging s'affublent de tutus, récitent du racine ou dialoguent en sourdine avec Sacha Guitry. Un magicien fait la majorette et le hip-hop s'envoie en l'air du côté du carnaval.
Rosita Boissau - 17 janvier 2007
Le sacre du printemps
Presse Diverses Sources Allemagne
NURNBERGER ZEITUNG - 19 janvier 2004
"...Lionel Hoche expose de manière plastique et énergique le jeu d'alternance entre attirance et répulsion, la tension entre agressivité et tendresse culmine dans un intense pas de deux entre Dagmar Bock et Ivo Bartsch..."
ABENDZEITUNG -19 janvier 2004
"...Du blues minimaliste aux explosifs mouvements roulés au sol, Hoche réussit de mystérieuses transitions qui révèlent de fascinantes nuances d'atmosphères..."
SERGEI - Mars 2004
"...La sombre et érotique interprétation de Lionel Hoche du Sacre du Printemps entraîne le public dans son sillage. Allez-y..."
NURNBERGER NACHRICHTEN - 12 mars 2004
"...Les scènes d'ensemble séduisent par leur couleur et leur temps : danse-théâtre au meilleur sens du terme..."
FRANKISCHEN TAG - 19 janvier 2004
"...La version piano du Sacre de Stravinsky (interprétée en direct par le duo Andreas Grau/Gosschumacher) souligne, en renonçant à la diversité orchestrale des percussions, l'âpre caractère de l'oeuvre, et offre en combinaison avec la chorégraphie riche de sensualité de Lionel Hoche, une enthousiasmante soirée de danse à Nurenberg..."
The Village Voice (New York)
Le corps parle
"Dans Le Sacre du Printemps, les cinq interprètes se ruent, leurs bras s'emmêlant autour de leurs corps, les pliant à l'intérieur. Les coudes sont cagneux, les torses fléchis, alors que les épaules sont spasmodiques, pendant qu'une hanche se hausse afin de repositionner une jambe tendue, les danseurs boitent et traînent des pieds. Etant des splendides interprètes, ils nous domptent en nous faisant croire qu'ils parlent ce langage chorégraphique couramment. Mais son essence est toujours instabilité, incommodité, une forme d'agressivité protectrice."
"Hoche a choisi la version pour deux pianos de cette grande partition de Stravinsky pour nous imaginer une fête aux enfers. [...] Céline Zordia- une danseuse superbement voluptueuse - est clairement désignée comme victime sacrificielle, mais Hoche oscille subtilement vers et en dehors du scénario de Stravinsky au point ou nous sommes presque pris de court quand Zordia tombe dans un éclat de lumière rouge pour ne plus se relever. Vêtus de costumes noirs, les danseurs se brutalisent autant qu'ils visent la victime, sa puissance et son innocence semblent les stimuler. De temps à autre ils se regroupent autour d'elle pour la flairer. Cette vision est peut-être moins celle d'un rite primal de fertilité que celle du violent passage à l'âge adulte d'une fille dans l'ambiance narcotique et bestiale d'une antre moite."
Deborah Jowitt - 9 au 15 juillet 2003
The Dance Insider
Le printemps industriel de Lionel Hoche
"Le Sacre du Printemps de Lionel Hoche égalise la partition débaucheuse de Stravinsky avec une énergie féroce. Le fil narratif bien connu de cette oeuvre notoire aurait pu faire obstacle à un chorégraphe moins rigoureux, mais Lionel Hoche l'aborde en parfait allié. Céline Zordia, la victime, se promène au travers une forêt de lampes industrielles fluorescentes avant d'être rejoint par Marielle Girard et Loren Palmer lors d'une danse qui ressemble à un bizutage très agressif dans une école de filles. Emmanuel Le Floch et Cédric Lequileuc suintent la débauche dans une approche rapace envers les danseuses, qui participent activement au sacrifice d'une des leurs. Hoche réussit à créer des images primales de l'homme et de la femme, du prédateur et de la proie, dans de mouvements de groupe frénétiques et violents.
"Les costumes, des variantes sur le noir scintillant et le rouge, ainsi que les lanternes imaginées par Philippe Favier, nous plongent dans une sorte de club-entrepôt glauque, cet ancien rituel se déroulant un samedi soir dernier. La danse appelle une réponse tellement extraordinaire et viscérale à ses crescendos infatigables de mouvement brutal que l'on se sent aussi essoufflé et vidé de toute énergie que la victime s'écroulant quand les lumières disjonctent avec le noir final."
Maura Nguyen Donohue - The Dance Insider (USA) - Flash Review - juillet 2003
The Berkshire Eagle
Un travail de chorégraphe qui vaut le détour
Lionel Hoche est assurément un chorégraphe sérieux qui aime clairement son travail.
"Si nous pouvions jouer avec le temps et regarder le Sacre du Printemps de Lionel Hoche en le juxtaposant aux versions des premiers Modernes (y compris celle de Nijinski pour le Ballet Russe de Diaghilev) sa gestuelle pourrait bien sembler aussi pataude que les premiers essais. Sa danse, très ancrée, et son utilisation délibérée du poids et de la gravité, la place qu'il accorde au rapport au sol, rappellent les recherches de ses aïeux les Modernes pour contrer la gestuelle apprêtée du ballet classique. Il s'agit presque d'une recherche préméditée du vilain, choisissant le recours à l'inélégance - enchaînant les marches aux genoux raidies ou boiteuse, par exemple, ou en "déformant" des membres, courbés en dedans plutôt que de les étirer pour défier l'espace... Hoche intègre parfaitement les principes de la mécanique, des pivots, des axes et de la charnière.
"Il s'agit d'une danse envoûtante, construite, presque soudée ou forgée sur les corps des danseurs. Les limitations que la danse a outrepassées à travers des siècles d'évolution technique sont réintégrées par Hoche comme des principes définitoires.
"Tout semble aller à l'encontre d'une possible accessibilité pour le public, même quand on cherche le nouveau, le mieux et le différent. Pourtant Hoche nous tient, nous fascine. Il croît en ce qu'il fait, et le respect avec lequel il travaille sa matière en est sans doute la cause. Ni le "moi" ni la prétention ne le motivent. [...] Et nous l'aimons car il porte une attention particulière au détail, à chaque détail, à l'écoute du corps, à sa vision du corps dans l'espace, au fonctionnement du corps dans l'espace délimité, à la lumière, avec et sans la couleur, à l'ornement, dans et en dehors de la musique. »
Allison Tracy - le 28 juin 2003
Critical Dance.com
"La sonorité "noir et blanc" de la partition pour deux pianos du Sacre du Printemps de Stravinsky appuyait l'ambiance sobre déployée à la scène par la lumière, comme dans une cathédrale. La singularité des sept luminaires-néons suspendus, pendus de manière asymétrique à peine au-dessus du niveau du sol par des câbles qui se perdait dans les poutres, magnifiait l'espace scénique."
S.E. Arnold - Critical Dance.com (USA) - juin 2003
The New York Times
Puiser le meilleur du mouvement
"Lionel Hoche s'est démarqué d'autres chorégraphes français lors du festival France Moves, qui s'est tenu à New York en 2001. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, son travail démontrait une recherche tournée vers la composition formelle et le mouvement, plutôt que vers la théâtralité. Cette soif d'inventer d'autres langages chorégraphiques était toujours évidente dans son Sacre du Printemps. .. La pureté nonchalante dont a fait preuve sa troupe il y a deux ans cède la place ici à une turbulence charnelle [...].
"Hoche retient un soupçon du scénario de Stravinsky, mais identifie sa victime dès le début, plutôt qu'à la fin de l'oeuvre. Il s'agit d'une version en costumes modernes qui ne comprend que cinq danseurs et qui rappelle Huis Clos de Sartre dans cette manière intimiste d'analyser les rapports qu'ont les personnes envers elles-mêmes et envers les autres.
"Le mouvement d'un danseur déclenche celui d'un autre, utilisant la plupart du temps un transfert d'énergie par le(ur) contact : une théorie du mouvement "domino". Céline Zordia, les jambes nues et isolée depuis l'ouverture, développe son admirable résistance afin de participer à plusieurs jeux initiatiques. Nous y rencontrons des images d'enlèvement, des furetages bestiaux, des corps s'effondrant ou se culbutant, accompagnés de gestes tranchants."
Anna Kisselgoff - le 19 juin 2003
Danser
"Pour sa lecture du Sacre de Printemps, Lionel Hoche a choisi la réduction pour deux pianos. Il aborde ce classique de façon intimiste : cinq danseurs, trois filles et deux garçons. Ce compte bancal, cette inégalité vont régir les rapports entre les personnages, créer des dynamiques de groupe, exacerber les rapports de force et isoler une des filles. Elue ? Victime ? Elle sera au centre des tensions. La chorégraphie de Lionel Hoche se construit à partir de ces rapports de séduction, de ces relations conflictuelles, de ces attirances-répulsions inhérentes au groupe, à la manière d'un rite initiatique."
Jacky Pailley - Danser - janvier 2003
La Tribune Le progrès
"...Lionel Hoche demande à ses danseurs un fort investissement physique et une exploration de leurs abysses intérieures. Brûlant du feu des attractions souterraines, se heurtant ou se pliant aux pulsions viscérales, MéMé BaNjO traduit les méandres de la psyché par un travail corporel énergique basé sur la dynamique de groupe et ses rapports intrinsèques. L'électricité est dans l'air, jusqu'au paroxysme..."
Claudie Léger - La Tribune Le progrès - novembre 2002
Kadavresky
Danse - (European Dance News)
"Depuis plusieurs saisons, Lionel Hoche, intrépide, malicieux, imaginatif, se complaît dans le style de danse déjantée. Il ne se prend pas au sérieux, et s'amuse avec la danse, avec les danseurs, avec lui-même. La sinistrose, l'horrible, le laid, le vulgaire, n'est pas sa tasse de thé, celle des spectateurs non plus. Quand on a vu un spectacle de Lionel Hoche, on y revient toujours avec plaisir, parce qu'on sait que l'on ne va pas voir la même chose que la dernière fois. Il ne fait pas partie des chorégraphes qui font le même ballet pendant trente ans.
Kadavresky est un conte moderne. Il me faut avouer que je n'ai strictement rien compris à cette histoire, et que je n'ai fait aucun effort pour la comprendre. Je me suis simplement laissé amuser par ce déroulement spectaculaire, si caractéristique des facéties du chorégraphe. Lionel Hoche mêle habilement chant, danse, musiques diverses. Quand il songe au Perrault de son enfance, il ne l'enferme pas dans le carton-pâte de Disney, il le réduit en confettis qu'il jette sur le public. Les gens coincés font quelques grimaces : crime de lèse-Majesté : on ne s'ennuie pas, quelle horreur ! Les autres ne boudent pas leur plaisir. Les danseurs sont épatants (...). Vous l'avez compris, c'est la danse mise en bande dessinée burlesque. Ce burlesque sérieux qui ne laisse pas sans deviner quelques mouvements d'inquiétudes dans l'imaginaire du chorégraphe. Tout est parfait dans cette épopée au rythme endiablé de la musique si drolatique de Yann Gourdon qui n'a pas fini de nous surprendre. Lionel Hoche a su créer un style, nous ne sommes encore qu'au début d'une série d'albums chorégraphiques qui va certainement se poursuivre pour enchanter de 7 à 77 ans".
Michel Odin, mars 2002.
Libération
Une féerie d'ogresses
"...Lionel Hoche signe une aventure burlesque sur les traces d'un enquêteur, Kadavresky. C'est une vraie pagaille au pays des fées et autres ogresses. Le principe d'écriture du cadavre exquis sert de fil conducteur à cet opéra, chanté, dansé et narré (...). On rencontre des personnages bien sympathiques : une trop gourmande ogresse, une soeur Anne éberluée. La scénographie sert le propos éclaté du spectacle, sorte d'album d'enfant en relief..."
Marie-Christine Vernay, le 29 janvier 2002
Télérama, Danser
Inventaire à la Prévert
"Kadavresky de Lionel Hoche, ça se prononce comme cadavre exquis, ce jeu surréaliste où l'on fabrique une phrase à plusieurs. Et l'on est devant cette pièce comme face à un inventaire à la Prévert : une photocopieuse et un joueur de vielle, une ogresse végétarienne, un donjon avec héraut à porte-voix, trois fées marinant sous les UV, un prince Ch'Armand et sa belle endormie, un troupeau de lapins à pile (vous avez dit Duracel ?), Barbe-bleue en catcheur cagoulé. Tout cela au fil des trois actes, suivant les méandres capricieux d'une intrigue qui emmêle conte de fée et polar. Lionel Hoche tapote sur la porte du kitsch, secoue quelques idées reçues, fait sourire et rire. La scénographie de Philippe Favier, les costumes de Sylvie Skinazi ajoutent à cette ambiance de divertissement. Tournant le dos à ses pièces récentes, plutôt formelles, le chorégraphe de la compagnie MéMé BaNjO s'est accordé une savoureuse récréation."
Jean-Claude Diénis, novembre 2001
La Tribune, Le Progrès
Kadavresky : une drôle de cuisine
«Toujours débordant d'imagination, Lionel Hoche a voulu faire 'une fricassée de contes de notre enfance'. (...) Le scénario élaboré avec Lou Inglebert narre les ébats de personnages devenus mythiques : le prince Ch'armant en quête de sa dulcinée, les fées délicieuses, l'ogresse fumante. L'originalité du propos est de faire vivre tout ce petit monde aux temps modernes, et l'ère exige des adaptations ! Le prince, alias Cyrill Davy, est épuisé par plusieurs siècles au service de belles oisives, en l'occurrence Fée Béchamelle, Fée Rabita et Fée Peps au nom prédestiné. Bien choisie est aussi l'ogresse Gorgea (l'américaine Tara Maguire) faisant des gorges chaudes de ses anciens festins. Elle roule ses captivants yeux bleus aussi aisément que ses hanches étoffées ! Bref, l'enjeu est de taille. Et Lionel Hoche s'est adjoint des talents. Le Stéphanois Philippe Favier a conçu une scénographie pétillante : le donjon ressemble à un grand verre de limonade à bulles rouge cerise ; les lits des princesses endormies sont des appareils de lampes à bronzer, la cuisine moderne où se concoctent les philtres d'amour est amovible à souhait. La créatrice Sylvie Skinazi signe de merveilleux costumes en velours d'un style néo-Renaissance : en justaucorps et culottes de velours, les danseuses Marielle, Loren et Céline sont assez coquines, quant à Emmanuel Le Floch dans sa luxueuse seconde peau, il donne envie d'aller voir le faune de plus près ! Sous les jeux de lumières de Lucy Carter, le décor prend du relief. (...). ...le spectacle compte de très beaux moments de danse : en trios ou en solo, tel Dragibus (alias Cédric Lequileuc), pantin savamment désarticulé, tout en hauteur de sa tour. La dynamique gestuelle de la compagnie MéMé BaNjO est captivante. (...) Cette drôle de cuisine, à laquelle l'ogresse apporte toute son épicurienne fantaisie, a un agréable parfum d'enfance ».
Claudie Léger, le 11 octobre 2001
Petite pièce d'extérieur
La Tribune, Le Progrès
La dernière pièce, créée pour les Ballets de Monte-Carlo en juillet 1995, saisit par sa légèreté, sa fraîcheur, la justesse de ses mouvements. "L'harmonie des corps pour l'hétérogénéité d'un tout" ; une séquence qui fait vivre l'éphémère et se noue dans une ombre.
Neuf jeunes danseurs s'exercent dans la fluidité de l'air du soir, légers comme des bulles de savon... Un spectacle superbe mais le mot ne peut transcrire la beauté du mouvement.
M.R., le 14 avril 2000
Danse Conservatoire
Voilà une création originale, passionnante, qui apporte quelque chose de neuf, du jamais vu dans la danse. Merci à Lionel Hoche.
"Depuis quelques années, je m'applique à développer lors de chaque création, un code couleur, procédé pictural en quelque sorte. Qu'elle soit utilisée seule ou couplée, sa vibration et sa symbolique délivrent des énergies qui lui sont intimement liées, et qui irriguent la chorégraphie d'une force particulière.
Ce n'est pas simplement une dimension rétinienne ou esthétique, mais plutôt une dimension psychologique, symbolique et poétique, qui participe à chaque fois d'une dynamique singulière. Ce parti pris presque ésotérique va stimuler des appétits, des appels. Appétit de complémentarité, d'opposition. Avec ces choix de coloriste, il se crée naturellement des espaces de fascination, jusqu'à saturation. Saturation appelant une autre vibration pour calmer la première."
Voilà comment Lionel Hoche campe le décor, ou plutôt les couleurs. Le reste est séduisant, théâtral, étonnant.
Il y a d'abord un solo éblouissant de Gaby Baars. Seul en scène, il arrive avec une facilité surprenante à franchir un à un tous les pièges d'une chorégraphie simple et redoutablement difficile qui demande un immense talent. Il est rejoint par Gaëtan Morlotti, toujours parfait. Puis par David Thole, Sandrine Cassini, Giovanna Lorenzoni, Véronique Jean, Yaniv Nagar, Ina Broeckx, Ljiliana Peric et Didier Lambelet. Les dix danseurs doivent être cités, car ils ont tous magnifiquement réussi leurs entrés dans ces jeux difficiles. Lionel Hoche a choisi des musiques de Jean-Sébastien Bach pour ces "Petites Pièces" : préambule de la partita n°5, pour clavecin, sinfonia de la partita n°2, puis le concerto pour deux clavecins et cordes en Ut Mineur.
On le sait, il est quasi impossible de danser sur du clavecin. L'exercice est ardu. Beaucoup en voulant s'y frotter, ont cassé la corde magique de la petite musique.
Lionel Hoche relève le défi triomphalement. Avec un nouveau langage, fait de brefs pas esquissés, quelques pieds en dedans, des bras qui se brisent, il nous entraîne dans un monde magique, dans les contrées lointaines de ses rêveries, qui semblent proche du Paradis revu par Dante.
Les couleurs, les décors sont là, drôles, ludiques, étonnants. Des plumes d'autruche en mouvements, des appareils qui ne servent à rien et à tout. Les danseurs se meuvent au milieu de tout ça avec une tranquillité pleine d'ironie. On pardonne aux fresquistes la rapidité du coup de pinceau. Il faut faire vite avant que l'enduit sèche. Lionel Hoche arrive à ne pas irriter le spectateur, à ne jamais l'ennuyer, parce qu'on sait qu'il est sincère avec lui-même. Tel un fresquiste de génie, avec génie, en quelques coups de pinceau, il arrive à construire des petites pièces d'une étonnante grandeur. Si on les grossit, on s'aperçoit que tout est équilibre, que tout se tient, que tout supporte le grossissement, parce que tout est parfaitement conçu : le placement des pieds, les jeux des poignets, les nuques qui se tendent, les danseurs qui se reposent, au sol. Je n'ose pas prononcer les noms de Watteau et Marivaux, pour ne pas rattacher les Petites Pièces de Lionel Hoche au passé, mais par transposition d'art, je trouve le même intérêt esthétique et intellectuel à contempler les merveilleuses machineries de ce peintre, ingénieur, chorégraphe, explorateur des coeurs, Lionel Hoche. Nous attendons avec impatience une nouvelle série de ces petites pièces.
Michel Odin, Danse Conservatoire, Septembre 1995
Sinuosus
Les Saisons de la Danse
"Sinuosus est la première création que présente Lionel Hoche à Saint-Etienne depuis qu'il y est installé en résidence. Travail sur "le sinueux, les méandres de l'affectif et du sensuel", Sinuosus a un côté lisse qui dérange... Tout est impeccable, trop peut-être, et reste dans l'abstraction pure...()
"..il y a un duo formidable dans la seconde partie, et le déclic se fait..."
Gallia Valette-Pilenko, août 1999
Danse Conservatoire
"Sinuosus... Nous ne sommes jamais perdus dans les propos du chorégraphe. Il est Sinueux, à la manière de Montaigne, avec nonchalance, certes, mais obstination, et surtout, clarté...
"On ne s'ennuie pas un instant... Le travail de Lionel Hoche est assez extraordinaire. Je n'ai jamais vu autant d'idées personnelles, d'inventions ludiques, de techniques mises à plat et remodelées dans un enchaînement...
"Merci Lionel Hoche."
Michel Odin, juillet 1999
Echo de la Loire
Sinuosus : naissance d'un spectacle. "Avec Lionel Hoche tout se créé, rien ne se perd, tout se transforme. Véritable alchimiste il cherche des images fortes de la légende de l'art sous quelque forme que ce soit et les transpose à la danse contemporaine. En l'occurrence il s'appuie sur la sinuosité du S "dans le corps, dans la danse, dans la pensée, dans la poésie". Il la manipule la fait revivre autrement, la détourne, la fait glisser en décalant les possibilités et en restant cohérent. Il détruit les barrières entre l'imaginaire et le réel."
Joëlle de Laplanche, le 11 juin 1999
La Tribune Le Progrès
"La première création en résidence de Lionel Hoche à Saint-Etienne est réjouissante... La grande réussite de Lionel Hoche est, ici, de combiner des arts tels que musique, chant et références picturales... Lionel Hoche a donné expression aux compétences de chacun. La danse évolutive baigne dans les superbes jeux de lumière de Lucy Carter, tandis que la claveciniste voyage d'un bout à l'autre de la scène sur estrade amovible. Au fil du spectacle, l'architecture scénographique participe aux subtiles métamorphoses.
"Substantifique dans son intention, épuré dans sa manifestation, Sinuosus est appelé à un bel avenir"
Claudie Léger, le 3 juin 1999
Volubilis
The Village Voice (New York)
"Ingénieux, passionnant, et tout à fait déstabilisant !"
Deborah Jowitt, 9/15 juillet 2003
The Berkshire Eagle
"Les danseurs retiennent des sourires dans la joie de Volubilis, leur corps se précipitant, exubérants, baignant dans le technicolor."
Allison Tracy, le 28 juin 2003
La Tribune, Le Progrès
"(...) un pur joyau exaltant la danse..."
Claudie Leger, le 8 novembre 2002
Lyon Figaro
"(...) Volubilis, dont la poésie et la danse fluide servent désormais de signature de la compagnie MéMé BaNjO."
Agnès Benoist, le 5 novembre 2002
Le Nouvel Observateur
"(...) une très jolie pièce..."
Raphaël de Gubernatis, le 31 mai 2001
The New York Times
"Dans Volubilis un mobile botanique est suspendu au-dessus de la scène et le mouvement riche déborde de liberté."
Anna Kisselgoff, le 27 avril 2001
L & A Théâtre
"... une recherche originale de suavité élégante et subtile."
Martin C., décembre 2000
Danser
"Asymétries, déséquilibres, lignes brisées, Lionel Hoche organise une joyeuse disharmonie sur un concerto de Bach dans Volubilis..."
Jacky Pailley, décembre 2000
Libération
"...Même plaisir avec Volubilis de Lionel Hoche. Les danseurs se lovent dans des phrases chorégraphiques peu tapageuses respirant sur un concerto de Bach et suspendue comme un mystère sous un mobile qui a des allures de libellules."
Marie-Christine Vernay, le 14 novembre 2000
Le Figaro
"...Volubilis, la création la plus fine de la soirée, ludique et variée, typiquement française. La construction en est vivante, le vocabulaire original, pimenté de charmants petits gestes des mains et des bras. ... un amusant travail de déstructuration et d'équilibre."
René Sirvin, le 11 et 12 novembre 2000
L'Humanité
"... Alors qu'un mobile, genre liseron - c'est le nom français du mot "volubilis" - repensé façon Arman, tourne, suspendu dans les cintres, les interprètes dansent sur du Bach vêtus de slip, t-shirt et chaussettes bleu pastel. Sur les sonorités pincées du clavecin ils disent le plus par le moins, avec une grande pureté gestuelle. L'un incurve juste sa main. La ligne demeure frontale comme dans la tradition, mais la géométrie corporelle se complique à dessein. C'est très ludique. Le bas du corps, littéralement s'amollit comme les montres de Dali, tandis que le haut obéit, jusqu'au bout des doigts, à la plus grande rigueur."
Muriel Steinmetz, le 11 novembre 2000
L'Est Républicain
"...une chorégraphie qui s'enroule, avec délectation, sur la musique du concerto pour clavecin et cordes en ré mineur de Bach."
Didier Hemardinquer, le 8 novembre 2000
La Montagne
"Le symbole botanique, sous forme d'un immense mobile, ne laisse pas place au doute. Les arabesques corporelles pas davantage. La plante croît en un fin réseau d'élans contrariés, de courses parallèles et d'éteintes fugaces. (Volubilis est) nourrie de la pugnacité omniprésente de Bach ou d'un soudain silence qui suspend le temps chorégraphique au vide sidéral de l'image dans sa nudité."
R.D. 26 janvier 2000
Danser
"Volubilis est une pièce claire, aérée, qui court vers Bach par des chemins de traverse ; une danse buissonnière pour quatre garçons dont les qualités se complètent."
J.C. Diénis, juillet / août 1999
Les Saisons de la Danse
Qui Hoche approuve. Récemment nommé à Saint Etienne, il devrait y remplacer Thierry Malandain. Lionel Hoche, à partir du vocabulaire académique, développe un style très personnel.
A l'instar d'un Hervé Robbe ou d'un Michel Kéléménis, Lionel Hoche possède cette élégance fine et déliée qui semble l'apanage d'une certaine école française. Quelque chose comme l'héritage d'un marivaudage du mouvement où se devine quelque arrière pensée... La démarche de Lionel Hoche se distingue par une imprévisibilité qui la sauve de tout soupçon de cérébralité forcée... Lionel Hoche est un chorégraphe attentif, à l'écoute des corps, de leurs dispositions et de leurs habitudes particulières, observation féconde d'une réalité humaine et non application d'une théorie préétablie. Son univers, imprégné de culture classique très bien assimilée le rend plus particulièrement sensible au rapport de la danse avec les arts plastiques, son humour le portant volontiers aux détournements d'objets chers aux surréalistes et il se plaît à réaliser ces propres scénographies. Sa manière, il la définit comme celle "d'un corps lâché mais dynamique"" entre abandon et virtuosité, orienté vers une "nonchalance active, où le corps est tributaire du jeu de son poids et de la liberté de ses axes". Actuellement en résidence pour trois ans à Saint Etienne, Lionel Hoche dont les prochaines pièces portent des titres emblématiques, Mirabilis/Volubilis autour d'un cycle végétal partagé entre la ligne du jour et celle de la nuit, ne pourra que gagner à se fixer un peu avec sa compagnie.
Bernard Raffalli, novembre 1998
Dance Magazine
Mes préférés restent les deux trios de garçons de Hoche et Saarinen, le premier d'entre eux étant un chorégraphe déjà réputé.
Roslyn Sulcas, mars 1998
Télérama
Le premier soir on remarque la présence de Lionel Hoche, qui a déjà travaillé avec Jiri Kylian, et Daniel Larrieu, les Ballets de Monte-Carlo et la Batsheva Dance Company. Une belle carte de visite.
J-C Diénis, le 25 févirer 1998
Het Financieele Dagblad (Pays-Bas)
Volubilis est une pièce esthétiquement exceptionnelle : A l'atmosphère très douce, elle prend appui tout spécialement contre la très stricte musique de Bach. Hoche a créé des pièces pour NDT dans le passé, toujours d'une humeur absurde et rebelle. Cette fois-ci il nous fait découvrir un côté paisible, bien que son style chorégraphique reste fortement éclectique. Il combine divers éléments de la "modern dance", du contact improvisation au Hip-Hop, tout cela en penchant vers une forme contrôlée. Par conséquent, une unité est maintenue.
Marcel Armand van Nieuwpoort, janvier 1997