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Mais le projet était ambitieux et l'envie de le partager avec d'autres artistes, une évidence. Il a cheminé doucement dans la tête de Lionel Hoche. Il a fallu le temps de mûrir, de trouver des complices. Puis il y a eu la rencontre avec Olivier Dejours, compositeur, qui a aussitôt flashé sur ce roman d'Adolfo Bioy Casares, et s'est mis au travail. C'était il y a quatre ans.
Des énergies mises en commun est née cette pièce, l'île, librement inspiré du roman de Adolfo Bioy Casares. Une première pour l'artiste qui n'avait jamais exploré la voie de la narration. Où comment se frotter à celle-ci sans construire un ballet classique ou néo-classique ? C'était il y a un an.
La réponse est dans L'île, un spectacle à la fois délicat et féroce, où la gravité le dispute avec la légèreté, le diaphane. Lumières tracées au cordeau par Lucy Carter, complice de Lionel depuis six ans et six spectacles, gestuelle précise et virtuose, avec une subtilité dans la position des poignets et l'expression des danseurs, personnages incarnés sans être surjoués, musique conceptuelle comme contrepoint polyphonique et images d'un autre monde, construisent un univers moite et étouffant. Le spectateur est totalement immergé dans l'atmosphère particulière décrite dans le roman de Bioy Casares. S'appuyant sur des moments-clés du livre, sans jamais raconter l'aventure de ce fugitif en fuite, le chorégraphe tisse une trame qui permet de se forger sa propre histoire. Le spectateur ne peut manquer de reconnaître les personnages, notamment ce fuyard qui déploie une gestuelle immédiatement identifiable en regard de celle des autres.
Danse faite de ruptures, de changements de rythmes et de vitesse, de spirales et d'élans, le vocabulaire de Lionel Hoche est un savant mélange de complexité et de simplicité, privilégiant la qualité du mouvement aux figures de style. Très graphique et plastique, son travail s'inscrit dans la recherche d'un langage singulier, à la fois dans l'émotion et l'abstraction. C'est cet alliage délicat qui donne toute sa saveur au spectacle comme ces métissages entre la danse et la musique, les lumières et la vidéo, lui insufflent sa puissance évocatrice. Nous sommes dans le roman et nous sommes ailleurs. A l'image du héros du livre, qui se retrouve dans une société de simulacre.
"Les échos d'un soupir font entendre des soupirs [...] Où il n'y a pas d'écho, le silence est aussi horrible que ce poids qui, dans les rêves, vous empêche de fuir."
Gallia Valette-Pilenko
press
Télérama
"Bien inspirés par le roman "L'Invention de Morel", d'Adolfo Bioy Casarès, le chorégraphe Lionel Hoche et le compositeur Olivier Dejours ont combiné leurs magies pour incarner avec fantaisie la quête fantasmatique de l'amour du héros de Casarès.
Les six danseurs et les cinq musiciens tressent les fils chatoyants de ce passage insolite où la réalité fiche le camp dans les couches multiples de ses images projetées. Les images vidéo de Renaud Bézy concourent à faire de cette "île" une contrée aussi floue qu'un rêve."
Rosita Boisseau - du 15/22 déc. 04
La Terrasse
L'onirisme des images et de la musique cimente l'ivresse du geste.
Ayant pris pour origine un récit littéraire et fantastique qui sert de base anecdotique à la pièce Lionel Hoche a bougrement bien menée sa barque, sans faire de paraphrase. Bien sûr la fiction romanesque est là si l'on tente de la décrypter. Il est plus confortable de se laisser mener dans les spirales de rêve ou de doux cauchemar que traverse un danseur échoué sur le bord de la scène. Celui-ci nous enroule dans son délire de naufragé. Les musiciens postés coté jardin comme sur un bord de grève se prêtent allègrement à faire de cette Ile, une terre peuplée d'êtres étranges. Côté cour, un quintet de danseur sort d'un cocon lumineux, joyeuse bande qui semble inconsciente et manipulée par l'un des leurs : Cyril Davy en savant pervers. La danse s'empare d'eux comme un halo de cercles hypnotiques et sensuels dans un enchevêtrement habile de tours, de portés et d'équilibres planés.
Le trouble et le mystère planent aussi.
Des fragments de mannequins inertes jonchent le sol pendant que les danseurs entament une insouciante existence à peine troublée par la présence du rescapé. Projection d'univers marin entre ciel et terre aux couleurs nimbées de lumière dans un flou poétique, partition musicale au large éventail de possibilités qui va du bruit du ressac aux ressources instrumentales des plus mélodieuses, partition de lumière qui compartimente le plateau en espaces de jeu éphémère : on ne peut que louer la collaboration artistique dont s'est entourée Lionel Hoche pour créer cette fresque chorégraphique qui mériterait de naviguer longtemps sur scène."
Emerentienne Dubourg - décembre 04
La Croix
"Le rideau s'est ouvert sur un rêve aux portes de la conscience. C'est avec une pièce légère et féroce de Lionel Hoche, un ancien de l'Opéra de Paris passé par l'enseignement du Tchèque Jiri Kylian, qu'a débuté la manifestation des Iles de danse, rendez-vous pour les spectateurs de la petite et de la grande banlieue parisienne. Baptisé tout simplement "L'île" et librement inspirée de l'univers de l'écrivain Casarès, cette création suit une trame narrative pour épouser le thème de la rencontre impossible, improbable, avec l'autre. Le langage de la danse s'y acoquine sur scène avec la musique et avec l'image, utilisée en arrière-fond comme matière picturale. Laissant le spectateur se perdre dans ces images hyperréalistes de pins parasols, d'abstractions d'eau et de roches. Face à une réalité défaillante. Donnant à pic sur un vertige.
Ces épousailles réussies de la danse avec d'autres arts sont l'un des fils rouges de cette édition 2004 des îles de Danse. (...)"
Joséphine Mulon - 22 novembre 2004
Le Monde
Luxuriance au festival Les Iles de danse
"(...) une partition spectaculaire saturée (vidéo, décor, costumes, orchestre sur scène, gestuelle sophistiquée) orchestrée par six interprètes irréprochables...
Lionel Hoche est passé par l'école de danse de l'Opéra de Paris, a été l'interprète de Jiri Kylian, puis de Daniel Larrieu. Sous l'influence de l'écrivain Adolfo Bioy Casarès et de son récit L'Invention de Morel, il met en scène une fantaisie qui repeint en acidulé les hologrammes baroques de Casarès. Les six interprètes déroulent la pelote de ce conte fantastique noyauté par l'amour d'un homme pour l'image d'une femme.
On suit les périples de ce Robinson paumé dans une île peuplée de fantômes. De la piscine à la forêt, il vaque, décryptant les actions de son amoureuse au milieu de sa bande de copains, qu'il espionne en crevant d'envie d'en être. Les images vidéo de Renaud Bézy transposent les contours d'un paysage qui devient flou.
La musique d'Olivier Dejours cultive avec finesse culbutes et dissonances. L'élégance de L'Ile renvoie avec justesse (...) à la beauté factice du piège littéraire de Casarès (...)."
Rosita Boisseau - le 20 nov. 2004
Aden - Scènes
"(...) Hoche joue sur la relation ténue et privilégiée qui existe entre musique et danse, et titille le spectateur sur cet état étrange qui consiste à assister à un spectacle."
Aden - Scènes - du 17/23 nov. 04
Le Nouvel Obs
"Captivé par l'atmosphère d'un roman fantastique, Lionel Hoche a voulu la transcrire sur la scène. Le résultat n'est pas dénué d'intérêt."
Raphaël de Gubernatis, du 16/23 déc. 04
"Alors que tant de ses chorégraphies sont au répertoire de compagnies de ballet parmi les plus célèbres d'Europe, Lionel Hoche, qui a perdu son statut d'artiste en résidence auprès du Théâtre de Saint-Etienne, se retrouve fort démuni et peine à maintenir en vie sa propre compagnie. Les Iles de Danses le savent qui lui offrent le privilège d'ouvrir leur 17e édition avec la création de "l'Ile", une chorégraphie librement inspirée du roman fantastique d'un compagnon de Borges, l'écrivain Adolfo Bioy Casares. De ce roman, "l'Invention de Morel", qui voit son héros fugitif aborder une île qui n'est peuplée que des images animées d'êtres humains qui ne sont plus, Lionel Hoche a voulu capter l'étrangeté poétique, la quête de l'autre, l'impossibilité aussi d'investir un espace qui ne serait pas à soi. Le compositeur et chef d'orchestre Olivier Dejours, qui dirigeait magnifiquement, il y a peu, à la Cité de la Musique, "Der Kaiser von Atlantis", l'émouvant opéra du musicien Viktor Ullmann assassiné à Auschwitz, Dejours a créé une partition pour cymbalum et percussions, alto, violoncelle, flûte et trompette, qui portera les six danseurs de "l'Ile" aux confins du réel."
Raphaël de Gubernatis, du 11/17 nov. 04