overview

Captivated by Stravinsky's masterpiece in which he adds military marches, tango, waltz and ragtime to his erudite "artillery", I was inspired to create a timeless and spirited tale.
Music, theatre and dance join together in a parallel reality, an existential commotion recreating the soldier's astounding journey.
A narrator, two dancers and a circus performer occupy a stage criss-crossed by dizzying video landscapes, building a poetic universe that I intend to be both fantastical and hypnotic.
Each character has their own choreographic identity, a corporeal nature that outlines and defines them, within a humanity that is both touching and intriguing.
The devil's body language is somewhat jazzy whilst the princess' other-worldliness is revealed through the circus techniques of aerial silks and contortionism.
The actors portray their characters using their bodies and voices, sharing with the narrator the text of Ramuz's booklet.
A fluctuating synergy of the bodies' relationship to the text must be found.




LIONEL HOCHE



Musique, théâtre et danse s'allient pour convoquer une réalité parallèle, un chahut existentiel propre à restituer l'étonnant parcours du soldat.



Un récitant, deux danseurs et une circassienne, habitent un dispositif scénographique traversé de paysages vidéo vertigineux, construisant un univers poétique que je souhaite à la fois fantastique et hypnotique.



Chaque personnage possède sa propre identité chorégraphique, une corporéité qui le dessine et le définit, dans une humanité à la fois touchante et intrigante.



Le diable joue d'une gestuelle aux teintes jazzy, et la princesse dévoile son étrangeté en mobilisant les techniques circassiennes du tissu aérien et du contorsionnisme.



Les interprètes élaborent leurs personnages dans le corps comme dans la voix, puisqu'ils partagent avec le récitant le texte du livret de Ramuz.



Une complémentarité fluctuante des corps dans leur rapport au texte à inventer.

LIONEL HOCHE

press

Télérama Sortir

Le narrateur, tout en jaune du chapeau aux chaussures, tel un Monsieur Loyal, commence le récit: l'histoire d'un soldat, qui, sur le chemin qui le ramène à son village, se fait charmer par le diable. Avec son violon, c'est son âme qu'il vend... Lionel Hoche, chorégraphe passionné par ce mimodrame aux accents faustiens de Stravinsky, construit autour de la partition et du livret de Ramuz un univers poétique étrange, avec quatre interprètes : deux danseurs et une circassienne, qui ont chacun leur identité chorégraphique, et un récitant qui passe d'un monde à un autre, de la "réalité" à la fable. De superbes images, figuratives ou abstraites, en noir et blanc ou colorées, révèlent les paysages traversés ou illustrent les visions du soldat. Une version qui réussit à conjuguer les arts vivants et graphiques (la vidéo) et à plonger le public dans les eaux troubles et pourtant réjouissantes de la fable.
Françoise Sabatier-Morel

BALLROOM

L'Histoire du soldat - Vu au théâtre de Vanves
Certaines histoires traversent le temps, le relais étant fait par plusieurs artistes, qui la reprennent, la remettent, la réinventent. Le ballet classique en est plein, le contemporain se créé lui aussi ses mythologies. L'histoire du soldat pourrait en être : le conte moral composé par Stravinsky sur un texte de Ramuz en 1917 a déjà été chorégraphié par Diaghiliev, Robbins, Guizerix, Gallota...
Lionel Hoche qui ne cesse d'appliquer l'exigence des grands ballets qu'il fréquenta à ses chemins de traverse chorégraphiques, livre sa version pop up : les décors vidéos (signés Simon Frézel) se dessinent autour des quatre personnages, chacun faits d'une voix, d'une gestuelle, d'une posture, d'un clown - puisqu'ils touchent tous à la dérision de leur condition, qu'ils soient le soldat (Vincent Delétang, tout en lignes, comme un pantin malmené), le diable (Emilio Urbina, aussi bondissant que perfide), la princesse (Anne-Claire Gonnard, mystérieuse créature suspendue, au geste rond) ou le récitant (Hoche himself, dans l'éclat joyeux d'un monsieur loyal de la télé).
L'Histoire est celle de l'appétit frustré : la nouveauté, le pouvoir, la richesse, l'amour, le succès, le soldat les désire, presque malgré lui, et le diable lui donne bien du fil à retordre. Les plus jeunes sont conquis par les trouvailles d'Hoche : l'objet manipulé, le décor vidéo, les codes couleurs, la pantomime ; les plus grands s'y retrouvent. La pièce tient en haleine, émerveille, surprend.
La pièce centenaire peut peiner à convaincre face aux narrations traditionnelles, et aux contes qui finissent bien : elle témoigne au contraire de l'ouverture nécessaire des propos, qui combat avec finesse le discours du bonheur à tout pris, menant à la déprime, au profit du goût pour l'aventure, ses grandes joies et ses grands malheurs. Hoche lui apporte ses belles qualités de faiseur, le résultat est à ne pas manquer.
Charles A. Catherine

Critiphotodanse

L'art de rendre Stravinsky accessible à tous
Notre histoire débute en 1986 : Lionel Hoche, issu de l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris, a rejoint depuis maintenant trois ans le Nederland Dans Theater. Jirí Kylían est en train de monter L'Histoire du soldat de Stravinsky-Ramuz dans une nouvelle version chorégraphique. Ce projet de théâtre musical le marquera profondément et il y pensera souvent durant sa carrière de danseur et de chorégraphe. Mais ce n'est que trente ans plus tard, après avoir acquis la compétence et la maturité nécessaires, qu'il se sentira d'attaque pour ré-aborder cette oeuvre, non en tant que danseur cette fois, mais comme chorégraphe. Ce mimodrame, composé par Stravinsky en 1917 sur un texte de Ramuz pour trois récitants - le Lecteur, le Soldat et le Diable - ainsi que sept instrumentistes et créé dans sa version théâtrale à Lausanne le 29 septembre 1918 dans des décors de René Auberjonois, avait bien sûr connu plusieurs adaptations chorégraphiques, la première étant celle d'Anya Holm en 1929. Quelques années plus tard, l'oeuvre sera reprise en Belgique dans une nouvelle chorégraphie sous la signature de Marguerite Akarova puis, en 1942, par John Cranko. A leur tour, Jérôme Robbins en 1965, Maurice Béjart en 1966, Jean Babilée, l'année suivante, Jean Guizerix en 1976 et, enfin, Jirí Kylían dix ans plus tard, vont à leur tour s'emparer de ce chef-d'oeuvre. La saga ne sera pas terminée pour autant car, à la suite de ce dernier, cinq autres versions verront le jour, en particulier celles de Michèle Anne de Mey et de Jean-Claude Gallotta. A noter également que L'Histoire du soldat a aussi inspiré le cinéma, entre autres le film du cinéaste italien Massimo Scaglione de 1978, le film d'animation de l'Américain R.O. Blechman de 1984, ce dans un style mêlant le dessin à l'art déco et, tout dernièrement, Les aventures de Histoire du soldat de Michel Van Zele, film qui date de 2018.

L'originalité de la version que nous présente Lionel Hoche aujourd'hui tient dans le fait que, depuis 1988, ce chorégraphe, directeur et fondateur de la compagnie MéMé BaNjo, incorpore à ses créations un travail scénographique lié à des recherches plastiques très personnelles, aux saveurs poétiques inattendues. Pour L'Histoire du soldat, Lionel Hoche, qui a respecté à la lettre le livret en prose et vers de Ramuz et la musique de Stravinsky, s'est acoquiné avec un jeune vidéaste de grand talent, Simon Frézel, qui a conçu, sous l'égide du chorégraphe-metteur en scène, des paysages animés qui confèrent à cette oeuvre ésotérique un aspect intemporel et une couleur céleste. Les personnages s'y promènent comme dans un jardin tout en s'y intégrant parfaitement, actualisant ce conte fantastique d'inspiration faustienne à l'issue duquel le diable gagnera malgré tout la partie.

Rappelons-en succinctement la trame. L'histoire est celle d'un humble soldat (Vincent Delétang, candide victime) qui rentre au pays avec pour tout bagage son violon. Son chemin croise celui du Malin (le truculent Emilio Urbina) qui lui fait miroiter la fortune en échange de son instrument. Le soldat finit par le lui vendre contre un livre qui permet de prédire l'avenir. De retour au village, il découvre alors que personne ne le reconnaît, ni sa mère, ni sa fiancée qui s'est mariée. En fait ce ne sont pas trois jours qu'il a passés avec le diable mais trois longues années... Le Soldat utilise alors son livre magique pour devenir fabuleusement riche. Incapable d'être heureux avec sa fortune, il joue aux cartes avec le Diable : son argent contre le violon. Le Diable gagne d'abord, mais enivré par ses gains, il se laisse voler le violon. Le Soldat peut alors « guérir » et ramener à la vie - et à l'amour - une Princesse malade (Anne-Claire Gonnard) promise par le Roi son père à qui la soulagerait. Malheureusement, cherchant toujours plus de bonheur, le couple quitte le royaume et désobéit au Diable. Or ce dernier finit toujours par gagner, et le soldat terminera sa vie en enfer.

Lionel Hoche, qui incarne lui-même le Récitant sous la forme d'un monsieur Loyal, a parfaitement respecté la trame de cette fresque dans ses moindres détails, tout en la transcrivant à notre époque : ainsi a-t-il placé au début de la pièce ses personnages dans une campagne verdoyante et accueillante mais parfois aussi inquiétante au bord d'une petite rivière, les conduisant peu à peu vers un petit village calme et tranquille (trop...), quasi-désert. L'ayant quitté, le soldat se retrouvera dans un univers rougeoyant d'usines nucléaires et d'industries crachant une fumée noire - clin d'oeil tant à notre monde pollué qu'à la « toxicité » du Malin - puis dans une petite auberge d'une région vinicole au sein de laquelle les protagonistes de l'oeuvre joueront aux cartes et s'enivreront. Tout cela bien sûr à mi-chemin entre théâtre et danse. Petite entorse à l'argument - mais on le lui pardonnera volontiers - Lionel Hoche a transformé la jeune princesse malade en une acrobate-funambule issue des cintres qui s'en laissera descendre dans une draperie pour s'unir avec le soldat devenu prince. Détournement théâtral coutumier à ce chorégraphe-metteur en scène qui a l'heur de valoriser dans ses spectacles toute une pléiade de disciplines artistiques, de la peinture - allusion ici à Marc Chagall - aux arts du cirque et à la vidéo. Ce qui a permis de rendre tout particulièrement lisible cet univers musical, poétique et fantasmagorique, et de lui conférer une accessibilité universelle, notamment et surtout aux enfants.
Jean-Marie GOURREAU

extracts/photos/downloads

cast

Choreography, set & costums: Lionel Hoche
Music: Igor Stravinsky - Text: Charles-Ferdinand Ramuz
Narrator Lionel Hoche - The soldiar: Vincent Delétang
The devil: Emilio Urbina - The princess: Anne-Claire Gonnard
Video Simon Frezel - Light Nicolas Prosper

Recording : Orchestre-Atelier OstinatO
Conductor: Olivier Dejours
Violin: Gabriele Slizyte
Double bass: Alice Barbier
Trombone: Yvan Ferre
Bassoon: Valentin Neumann
Clarinet: Hélène Richard
Trumpet: Antoinre Lory
Percussions: Quentin Broyart

Production: Compagnie MéMé BaNjO
Avec le soutien de la Région Ile-de-France, de la Direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France Ministère de la Culture et de la Communication, du Département de Seine-Saint-Denis, de la Ville de Villetaneuse, de la Spedidam et de l'Adami.

Avec le soutien, pour leur accueil en résidence, du Centre des Arts, scène conventionnée à Enghien-les-Bains (95), de la Maison du Peuple à Pierrefitte-sur-Seine (93), de la Briqueterie - CDCN du Val de Marne (94), du Théâtre Brétigny scène conventionnée (91), de la Compagnie ACTA dans le cadre du dispositif Lieu de Fabrique à Villiers-le-Bel (95) et du Théâtre de Vanves, scène conventionnée (92).