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Avec lundijeudi en 2014, Lionel Hoche s'est penché sur son parcours avec humour, pour y lire le présent à la lueur d'un trame temporelle déformée, tordue, vrillée, qui liait passé et projection. Ce fut aussi le cas pour l'interprète de retrouver le plateau dans une sorte de one man show poétisé et d'ouvrir de nouveaux possibles en terme d'écriture, de registres, etc.
Avec samedicarrément, cet enthousiasme de l'artiste sera remis en jeu, sous la forme de ce qu'on nomme un "préquel", un épisode antérieur au solo précédent. En allant chercher plus loin les matériaux composites qui ont alimenté une enfance et qui ont ou auraient pu parsemer son chemin - c'est aussi l'évocation d'une époque - on recule le curseur vers cette bulle du début de vie, endroit mystère jamais totalement éteint. En triturant et exposant ses matériaux sous une forme concertante et dé-concertante, se crée une forme de jeu de piste chanté et dansé qui nous fera voyager dans les méandres mémoriels et musicaux du siècle précédent et plus particulièrement les années 60 et 70... Fin des trente glorieuses, fin du baby boom, période des grands travaux d'un Paris en transformation et d'un monde déjà bien agité...
C'est un voyage (un trip!), une émission hit-parade, une retransmission désarticulée et encore et toujours une revue!
Assidûment à louvoyer entre réel et imaginaire, on retrouvera avec samedicarrément une dé-construction rubik'scubesque d'un individu et d'une époque, de ses mémoires hasardeuses et abîmées, collectées ici afin de composer un kaléidoscope vibrant et onirique, une chambre d'échos familiers et étrangers (chambre d'enfant?) où se mêleront la poésie azimutée du chorégraphe et l'évocation d'un lointain réel, que le temps réactive et dont il relâche la saveur - ou les images - comme autant de geysers énigmatiques.
Avec cette nouvelle mise en abîme, Lionel Hoche se décomposera dans une ribambelle étourdissante, prêtant corps au ressac des marées mémorielles que lui murmure fugitivement l'instant présent.
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Danser Canal Historique
Faits d'Hiver : Lionel Hoche crée "samedicarrément"
Chorégraphe, mais aussi chanteur, meneur de revue carrément, Lionel Hoche laisse éclater les samedis rêvés de sa jeunesse. Lionel Hoche prévient son public: "C'est un voyage (un trip!), une émission hit-parade, une retransmission désarticulée et encore et toujours une revue!" Une revue, pour un regard en arrière, sur sa propre vie, regard joueur et amusé. samedicarrément se présente, selon son auteur, comme un préquel à lundijeudi, solo habité par un regard décalé sur son rapport d'adulte à la danse et à lui-même. Autrement dit, un making of du personnage par les souvenirs qui l'habitent encore.
Samedi et liberté
Le samedi, c'est le jour que l'on attend, le jour qu'on retient, le symbole de l'insouciance, c'est l'aboutissement d'une semaine de travail et une bulle de liberté. Pour Hoche, samedicarrément creuse les sources intimes de lundijeudi premier jet en direction du samedi soir, où on sort avec les amis, où on s'éclate. A moins que la guerre éclate. Dorothée Munyaneza nous l'a rappelé, douloureusement, avec Samedi Détente.
Lionel Hoche nous introduit à son tour dans ses souvenirs d'enfance et d'adolescence, avec un duo danséchanté pour lui-même et Adam Vidovic, musicien et alter ego qui ne se cantonne pas derrière son piano mais revêt, accessoirement, certains des nombreux objets qui envahissent le plateau.
Côté accessoires, nous avons donc: Des ballons à sauter, la marionnette ballerine suspendue au plafond, des peluches, des boules coloriées et carrément tout une scénographie-paysage, faite de boites et d'écrans télé, écrans sur lesquels passent des JT des années 1960 et 1970. On revit, entre autres, l'introduction de la télévision en couleur et l'ouverture du Centre Pompidou
Décalages
Alors que l'époque ne semble pas être terriblement lointaine, ces émissions paraissent aujourd'hui aussi décalées que les souvenirs des rêves du chorégraphe, lequel nous introduit ici dans les reflets éclatés de sa chambre d'enfant. Et cette chambre devient une sorte de piste de cirque, où ses rêves de féminité passent au second degré et deviennent pleinement légitimes.
Car côté costumes, on voit les deux hommes se présenter en robes de soirée carrément élisabéthaines, en Auguste, en tigre, en lapin géant, avec des chapeaux à plumes, mais aussi en pantalons à paillettes. Car un beau jour, le jeune Lionel sortit de la chambre d'enfant pour s'élancer vers les rêves du samedi soir. Et finalement, une sorte de linceul couleur sac-poubelles.
L'ado et ses tubes
Changeant sans cesse d'accoutrement, Hoche passe aussi d'un style vocal à l'autre. Il interprète ainsi les tubes qui ont bercé le Saturday Night Fever de ses jeunes années, de Barbara aux Beatles, de Polnareff à Jefferson Airplane ou Barry Manilow, chaque fois avec une brillance et une véracité remarquables. Il ne chante pas dans sa baignoire, il est baigné de musique.
Bien sûr, ses souvenirs de jeunesse concernent aussi la danse - le ballet, notamment - et Hoche s'en délecte avec autant de facéties que de tendresse. Mais on le découvre ici pleinement dans sa nouvelle vocation, showman et entertainer, bête de scène intime et universelle, meneur d'une revue personnelle où tout peut arriver. Sauf l'ennui.
Télérama Sortir
Je dis carrément. Lionel Hoche retourne en enfance avec ses époustouflants costumes et nous convie avec sa chorégraphie à partager son univers joyeusement poétisé et relooké années 60-70. Un chorégraphe que l'on voit trop peu...
Frédérique Chapuis | janvier 2018
Télérama
C'est explosif, multicolore, emporté par des émotions juvéniles et fortes. La nouvelle pièce du chorégraphe Lionel Hoche, samedicarrément, est un solo qui entend renouer avec les forces vives de l'enfance et du jeu. Le danseur se jette à corps perdu dans ses souvenirs des années 60 et 70 pour ranimer des images lumineuses dont la liberté suspend le cour du temps. Jonglant avec des costumes et des accessoires somptueux, soutenu sur le plateau par le musicien Adam Vidovic et en coulisses par (...) Sybille Wilson et (...) Vincent Delétang, (...) Lionel Hoche, à la tête de la compagnie MéMé BaNjO, poursuit sa route dans l'invention et la joie.
Rosita Boisseau | janvier 2018